Quels sont les principaux motifs de demande de l’aide médicale à mourir?

En 2021-2022, près de 90 % des personnes qui ont reçu l’aide médicale à mourir étaient atteintes de cancer, de maladies neurodégénératives ou neurologiques, de maladies respiratoires ou cardiaques***.

Par ailleurs, selon le rapport de la Commission sur les soins de fin de vie, au Québec, 95 % des patients ayant reçu l’aide médicale à mourir étaient considérés en fin de vie, en raison d’une maladie grave et incurable causant des souffrances qui ne pouvaient pas être apaisées par d’autres soins.

Ainsi, l’aide médicale demeure un soin de dernier recours, pour des patients qui n’ont plus de perspectives d’avenir et qui souhaitent mettre fin à leurs souffrances. Contrairement à certains arguments parfois avancés par les opposants au droit à mourir dans la dignité, les patients ne demandent donc pas l’aide médicale à mourir faute de soins disponibles. Au contraire,  la majorité des demandeurs de l’aide médicale à mourir ont reçu des soins palliatifs et des services de soutien pour les personnes handicapées***. C’est notamment le cas des personnes atteintes de cancer qui ont recours à l’aide médicale à mourir, en fonction de l’évolution de la maladie.

Aide médicale à mourir et cancer : qu’en est-il?

Au Canada, le cancer est la principale cause de décès : un Canadien sur quatre décède des suites d’un cancer.
Cette prévalence se retrouve dans les soins de fin de vie : le cancer est la principale affection sous-jacente aux demandes d’aide médicale à mourir. Il est indiqué dans plus de 65,6 %* des cas.

Source : Troisième rapport annuel sur l’aide médicale à mourir au Canada 2021

Aide médicale à mourir et cancer : qui sont les patients concernés?

Au sein des patients atteints de cancer qui obtiennent l’aide médicale à mourir, on constate une majorité d’hommes qui sont 68,4 %*, contre 62,6 % de femmes. Celles-ci sont en revanche davantage touchées par d’autres affections (14 %*) ou comorbidités (11,2 %*).

Il faut aussi s’intéresser aux différents types de cancers qui peuvent être représentés afin d’avoir une vision plus précise des patients qui ont recours à l’aide médicale à mourir : en premier lieu, le type de cancer le plus représenté dans l’aide médicale à mourir depuis plusieurs années est le cancer du poumon (23,8 %* des demandes d’aide médicale à mourir), suivi par le cancer colorectal (12 %*) puis les cancers hématologiques (8,2 %*).

Source : Troisième rapport annuel sur l’aide médicale à mourir au Canada 2021

Le cancer est une affection qui nécessite des traitements parfois longs, éprouvants et qui ne garantissent pas la guérison complète ou rémission du patient. Toutefois, tous les patients touchés par un cancer ne sont pas nécessairement admissibles à l’aide médicale à mourir. Pour recevoir ce soin de fin de vie, il leur faut en effet répondre aux mêmes critères d’admissibilité que les autres demandeurs.
Consultez ici la liste des critères d’admissibilité.

Quelles sont les autres affections qui conduisent les patients à demander l’aide médicale à mourir?

Bien que le cancer soit le principal motif de demande d’aide médicale à mourir au Québec, d’autres affections médicales sont particulièrement représentées dans le recours à ce soin.

Troubles cardiovasculaires

Les maladies cardiovasculaires sont  la deuxième affection principale sous-jacente la plus fréquemment invoquée par les bénéficiaires de l’aide médicale à mourir. Elles représentent 18,7 %* des demandes d’aide médicale à mourir. Ces troubles cardiovasculaires affectent le cœur et les vaisseaux sanguins et peuvent donc entraîner des complications graves et altérer la qualité de vie des patients. L’insuffisance cardiaque congestive, l’hypertension, l’accident vasculaire cérébral, la fibrillation auriculaire et la coronaropathie sont les troubles les plus cités.

Troubles et affections respiratoires

Les maladies respiratoires chroniques (12,4 %*) sont la troisième cause de demande d’aide médicale à mourir. Les troubles et affections respiratoires affectent le système respiratoire et peuvent entraîner une détresse respiratoire et une perte de la capacité pulmonaire. Les personnes atteintes de ces affections peuvent voir une progression rapide de leurs symptômes.

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est citée comme l’affection la plus fréquente parmi les bénéficiaires de l’aide médicale à mourir touchés par une maladie respiratoire.

Maladies neurodégénératives

Enfin, ex æquo avec les troubles respiratoires, les troubles neurologiques représentaient 12,4 % des cas d’aide médicale à mourir en 2021. Ces maladies neurodégénératives affectent le système nerveux et conduisent à une détérioration progressive des fonctions cognitives et motrices. On peut ici mentionner la maladie de Parkinson ou encore la sclérose en plaques.

Source : Troisième rapport annuel sur l’aide médicale à mourir au Canada 2021

Il est intéressant de noter qu’un faible nombre de personnes présentant des troubles neurologiques ont cité les troubles tels qu’Alzheimer comme l’une des principales affections sous-jacentes.

Cela peut s’expliquer par les conditions restrictives d’accès à l’AMM pour ces patients-là : en effet, tant que les demandes anticipées ne seront pas accessibles, nombreux sont ceux qui renoncent à l’AMM pour ne pas perdre de précieux mois de vie alors qu’ils sont encore aptes. Mais ces patients peuvent obtenir l’AMM tant qu’ils sont aptes à le comprendre et à la demander. Pour en savoir plus sur la maladie d’Alzheimer dans le cadre de l’aide médicale à mourir, consultez l’article Aide médicale à mourir et maladie d’Alzheimer : quelles conditions à ce jour et quels espoirs pour demain?

Point de vue de l’experte

Dre Geneviève Richer, médecin généraliste et directrice adjointe médicale du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal

Spécialisée dans les soins de fin de vie et très impliquée dans l’aide médicale à mourir depuis l’entrée en vigueur de la loi, Dre Richer nous donne son point de vue quant au ressenti des patients atteints de cancer qui demandent ce soin.

« La motivation de demander l’aide médicale à mourir n’est pas un plan B parce qu’on n’a pas bénéficié de soins palliatifs. C’est un choix éclairé, c’est la consécration suprême de l’autonomie de la personne. »

Dre Geneviève Richer

La procédure est la même et c’est la personne qui détermine le moment qui est opportun pour elle de recevoir l’aide médicale à mourir. Il y a, comme toujours, une évaluation et le demandeur doit rencontrer les critères d’admissibilité définis par la loi, de la même façon qu’avec les autres affections.

Plusieurs éléments entrent en ligne de compte quant à la décision d’un patient atteint de cancer d’avoir recours à l’aide médicale à mourir : sa condition générale, les comorbidités, son âge, ses traitements passés, etc.

Le cancer est un diagnostic qui est généralement suivi d’un plan de traitement, curatif (chimiothérapie, immunothérapie, radiothérapie, chirurgie et autres traitements) ou palliatif. Ensuite, les patients peuvent jouir d’une période d’amélioration ou de rémission qui, parfois, sera suivie malheureusement d’une récidive.

Le déclin résultant d’une maladie cancéreuse, surtout si elle est à un stade avancé impliquant des métastases, peut-être linéaire ou en dents de scie, en fonction de la réponse aux traitements proposés. C’est en général lorsque le patient, accompagné de son oncologue, estime qu’il a atteint le point de non retour qu’il choisira de recourir à l’aide médicale à mourir.

L’option de l’aide médicale à mourir intervient donc souvent à force de passer par les hauts et les bas liés aux différents traitements (des symptômes et effets secondaires importants, par exemple). Les patients comprennent à ce moment que la maladie est incurable et qu’il n’y a pas de retour possible. Ils choisissent alors l’option de l’aide médicale de façon sereine, libre et éclairée.

« Ces patients font preuve de courage, après avoir traversé des traitements difficiles et d’autres épreuves associées au cancer. En choisissant l’aide médicale à mourir, ils font un ultime pied de nez à la maladie en affirmant : ce n’est pas toi qui vas triompher. »

Dre Geneviève Richer

Si vous avez d’autres questions concernant l’aide médicale à mourir ou que vous souhaitez en savoir plus sur la procédure ou l’admissibilité, consultez la foire aux questions pour obtenir des réponses.

Sources :

*Étude sur l’aide médicale à mourir, 2021, Statistique Canada
**Troisième  rapport annuel sur l’aide médicale à mourir au Canada 2021, Gouvernement du Canada
***Rapport annuel d’activités, commission sur les soins de fin de vie, du 1er avril 2021 au 31 mars 2022