Les arguments en faveur de l’aide médicale à mourir

L’aide médicale à mourir repose en grande partie sur le respect des droits des individus et sur l’empathie. C’est notamment en s’appuyant, dans la Charte des droits et libertés du Canada, sur le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne, que la Cour Suprême du Canada a autorisé l’aide médicale à mourir dans l’arrêt Carter c./ Canada, en 2015.

Pour vous aider à mieux comprendre, voici les principaux arguments en faveur de l’aide médicale à mourir :

1.  L’aide médicale à mourir permet de mettre un terme à des maux irrémédiables.

Rien ni personne ne doit obliger un être humain à endurer des souffrances, qu’elles soient physiques, psychologiques ou existentielles. Quand les douleurs ne peuvent être soulagées, même avec les meilleurs soins, l’aide médicale à mourir peut être vécue comme une délivrance.
La Cour Suprême du Canada avait d’ailleurs considéré que l’interdiction de l’aide médicale à mourir empiétait sur la sécurité des patients qui devaient endurer des souffrances intolérables, car cela peut conduire à des actes violents contre eux-mêmes.

2.  Disposer librement de son corps est un droit fondamental.

C’est l’un des principaux arguments en faveur de l’aide médicale à mourir : elle offre aux patients la possibilité de décider des conditions et du moment de leur propre mort. L’aide médicale à mourir repose sur la liberté de choix. En effet, pourquoi une personne apte à consentir ne pourrait-elle pas décider librement de sa fin de vie ?
La Cour Suprême considérait dans son arrêt de 2015 que la prohibition de l’aide médicale à mourir « privait les patients du droit de prendre des décisions relatives à leur intégrité corporelle et aux soins médicaux et qu’elle empiétait ainsi sur leur liberté ».

3.  L’aide médicale à mourir permet de partir dans le respect de ses propres valeurs.

Les patients peuvent considérer que la maladie va porter atteinte à leur conception personnelle de la dignité, et préférer ne pas vivre dans ces conditions.
Pour les personnes dont l’état va se dégrader en raison d’une maladie neurodégénérative cognitive confirmée, les demandes anticipées ont fait l’objet d’une proposition au printemps 2022 et devraient être réétudiées lors de la prochaine session parlementaire. Rendez-vous ici pour faire le point sur le projet de loi 38 et la proposition sur les demandes anticipées. 

4.  C’est une procédure très stricte et réglementée.

Les textes en vigueur encadrent rigoureusement l’aide médicale à mourir. Les patients doivent répondre à plusieurs critères pour y avoir recours afin d’éviter les dérives. Ainsi, l’AMM représente seulement 3,3 % de tous les décès au Canada. Voir ici les critères d’admissibilité

5.  L’accompagnement est sécurisé et médicalisé.

Effectuée dans un cadre spécialisé avec des professionnels de santé, l’aide médicale à mourir permet de protéger le patient. Elle empêche la clandestinité du geste et ses dérives, voire le suicide, déchargeant d’une souffrance supplémentaire les patients et leurs proches.

6.  Les citoyens sont pour l’aide médicale à mourir.

L’opinion publique est très majoritairement en faveur de l’aide médicale à mourir. De plus, et selon une étude récente, 80% des Québécois souhaitent également permettre aux citoyens de faire une demande anticipée d’AMM advenant un diagnostic confirmé de maladie neurodégénérative cognitive de type Alzheimer.

Des témoignages qui font office d’arguments en faveur de l’aide médicale à mourir

Sujette à de nombreuses discussions tant elle est complexe et empreinte d’émotions, l’aide médicale à mourir est avant tout un soin humain et compassionnel. Quels sont le vécu et les arguments pour l’aide médicale à mourir de ceux qui vivent la souffrance au plus près ? L’AQDMD partage avec vous quelques témoignages de ses membres.

À l’âge de 39 ans, j’ai reçu un diagnostic d’Alzheimer précoce génétique. 

Dix ans auparavant, j’ai accompagné mon père en fin de vie, lui qui en était aussi atteint. Je connais trop bien l’évolution de cette maladie et je suis catégorique : je ne vivrai pas la souffrance physique et psychique que mon père a vécue. Je ne me promènerai pas à 4 pattes des nuits entières. Je n’oublierai pas que j’ai trois merveilleux enfants. Ce n’est pas ce que je qualifie d’une fin de vie digne. 

À ce jour, ma capacité à consentir demeure intacte. J’espère profiter de mes dernières années, l’esprit libre et sans peur de la lente agonie. 

Je continuerai d’être présente dans les médias afin que le dossier de la légalisation de l’aide médicale à mourir anticipée continue d’être une priorité pour le prochain gouvernement. Nous sommes si près du but. 

Sandra Demontigny

porte-parole de l'AQDMD

Jeune adulte, je fus proche aidante durant plusieurs années auprès de ma chère maman devenue une grande malade chronique et condamnée à d’intolérables souffrances. J’avais 20 ans et ça ne s’oublie pas.

À maintes reprises elle me demandait de mettre un terme à ses souffrances. Hélas! impuissante, c’est la fatalité qui s’en est chargée… 

Certes, aujourd’hui l’aide médicale à mourir est consentie dans certains cas comme un des soins de fin de vie permettant une mort digne, sereine et entourée de ses proches. Toutefois, il reste encore tant à faire.

Une fin de vie inhumaine et atroce n’a plus sa place dans notre société et c’est ensemble que nous pouvons prendre part à cet important débat de société.

Diane Desnoyers

membre du Collectif Québec / AQDMD

Qui n’a pas connu dans sa famille ou dans son entourage, une personne chère mourir dans l’indignité ?

Il y a 17 ans, ma belle-mère, à l’insu de tous, a décidé de glisser lentement vers la mort. Nous l’avons accompagnée jusqu’à la fin, après un retour rapide d’un voyage en Europe. Elle avait, à notre insu, cessé de s’alimenter. Il a fallu que deux membres du personnel de la résidence où elle vivait la trouvent deux fois sans connaissance sur le plancher. Hospitalisée, elle refusait tout traitement. Si une infirmière lui apportait un verre d’eau, elle le lançait au bout de ses bras. Trop tard pour revenir en arrière. Le médecin a expliqué à la famille qu’elle se laissait glisser vers la mort, comme c’était fréquent, nous a-t-il dit, chez plusieurs personnes âgées qui n’en pouvaient plus de vivre. Sur son avis de décès, c’était indiqué « Syndrome du glissement ».

Heureusement qu’aujourd’hui, la société a évolué et que les soins palliatifs et l’aide médicale à mourir viennent à la rescousse. Même s’il reste encore beaucoup de travail à faire.

Nicole Lirette

membre du Collectif Québec / AQDMD

Venant d’une famille très unie, j’ai grandi en étant très proche de ma grand-mère paternelle. Indépendante, avant-gardiste et dotée d’un fort caractère, elle m’a souvent rappelé que nous avions la chance de vivre dans une société de droit, où nous avions l’avantage et le pouvoir de faire valoir nos idées, nos valeurs, nos préférences et nos choix. 

Ma grand-mère a toujours manifesté son désir de mourir selon ses valeurs et sa propre conception de dignité. Elle avait choisi depuis longtemps l’aide médicale à mourir comme ultime soin de fin de vie, car elle ne désirait pas vivre une lente agonie. Lorsque fut le temps de faire sa demande officielle en 2020, la loi qui était plus contraignante que maintenant ne lui permit pas de bénéficier de cet ultime choix. Elle mourut sans la dignité qu’elle souhaitait alors qu’aujourd’hui, avec l’évolution de la loi, ses valeurs auraient été respectées. 

Toutefois, beaucoup de chemin reste à faire afin de permettre à un plus grand nombre de bénéficier de ce soin compassionnel et ultime et ainsi trouver une certaine sérénité en fin de vie. La société québécoise est prête et ensemble nous pouvons y arriver.

Audrey Wyszinski

directrice générale de l’AQDMD

Si vous aussi, vous êtes convaincu.e par la nécessité de défendre le droit de mourir dans la dignité et le faire progresser, notamment par les demandes anticipées, vous pouvez soutenir l’AQDMD dans ce travail en adhérant à l’association ou en nous faisant un don !