Et que penser de la souffrance et de l’angoisse que vivent dans les larmes celles et ceux qui ont déjà reçu un diagnostic de maladie neurodégénérative cognitive et qui espéraient une fin de vie digne?

Sandra Demontigny, dans la chronique de Mylène Moisan, décrit bien la situation qu’elle ne veut pas vivre lorsqu’elle atteindra un stade au-delà duquel elle ne veut pas aller. Des Sandra, il y en a beaucoup au Québec. Auront-elles le temps, l’énergie, l’aide, la patience d’attendre des mois ou encore une année et plus pour mourir dignement? Ou sera-t-il trop tard?

Le visage caché de ceux qui n’ont pas le droit à l’aide médicale à mourir, comme l’écrivait Chantal Rondeau, dans un texte d’opinion le 19 avril dernier, met bien le doigt sur le problème. Pourtant, l’espoir était grand quand, en mai dernier, Mme Véronique Hivon a convoqué une conférence de presse. Elle et les députés qui l’accompagnaient pressaient le ministre de déposer le projet de loi pour faire suite au dépôt, le 10 décembre 2021, du rapport de la Commission spéciale sur l’évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie. Les députés étaient prêts à travailler jour et nuit, avait-elle mentionné.

Voilà! Le projet de loi a été déposé trop tard. La fin de la session parlementaire approchait à grands pas. Les élections pointaient à l’horizon. Nous étions tous très naïfs d’espérer un changement à la loi. Les élections auront lieu le 3 octobre prochain. Le visage de l’Assemblée nationale changera. De nouveaux députés et députées se joindront aux anciens. Mme Hivon, carte maîtresse dans l’adoption de la loi en 2014, ne sera plus à l’Assemblée nationale. Peut-on s’attendre à une reprise rapide des travaux qui ont été reportés? On peut en douter.

Il reste à souhaiter que les personnes atteintes d’une maladie neurodégénérative cognitive puissent avoir le temps d’attendre le moment tant souhaité.

Pour consulter la lettre d’opinion sur le site du journal Le Soleil