Recourir à l’aide médicale à mourir à domicile plutôt qu’en milieu hospitalier : qu’est ce qui motive cette décision?

Le choix de l’environnement dans lequel le patient souhaite avoir recours à l’aide médicale à mourir résulte de décisions individuelles, prises en concertation avec l’entourage.

“Cela fait partie d’une liberté personnelle de décider du moment de notre mort”

précise le Dr Laurent Boisvert

Depuis 2020, davantage de personnes ont choisi de recevoir l’aide médicale à mourir à domicile afin de demeurer dans un environnement qui est, pour elles, moins formel, plus familier et plus intime. 

En effet, en 2020-2021, selon le rapport annuel de la Commission sur les soins de fin de vie, 39 % des patients ont reçu l’aide médicale à mourir à domicile au Québec. (contre 48 % en centre hospitalier). Par contre, au Canada dans son ensemble, en 2021, 44,2 % des procédures d’aide médicale à mourir ont eu lieu dans des résidences privées, ce qui continue d’être le principal cadre d’administration de l’aide médicale à mourir au Canada.

Formalités et admissibilité de la demande initiale de l’aide médicale à mourir à domicile

Depuis l’entrée en vigueur de la loi en 2015, les patients ont la possibilité de choisir de recevoir le soin dans un  établissement de santé ou à leur domicile.

“Dès décembre 2015, je me suis fait un devoir de rendre ce soin disponible pour les patients”

Dr Laurent Boisvert

Le processus de demande demeure le même quel que soit le lieu où le patient souhaite recevoir l’aide médicale à mourir. Le professionnel de la santé responsable du dossier se doit d’informer son patient des diverses possibilités qui s’offrent à lui, afin que celui-ci puisse faire un choix éclairé et, s’il le souhaite, manifester son désir d’organiser le soin à domicile.

Pour bénéficier de l’aide médicale à mourir à domicile, les critères sont les mêmes que pour une aide médicale à mourir qui serait administrée en milieu hospitalier, en CHSLD ou en maison de soins palliatifs.

Ainsi, tous les demandeurs aptes et admissibles peuvent en bénéficier.

Parfois cependant, le patient devra faire un bref séjour à l’hôpital, en externe, pour se faire installer un cathéter intra-veineux (“PICC-line”) lorsque ses veines ne sont pas accessibles de façon usuelle. Ce séjour ne dure qu’une heure ou deux et peut se faire jusqu’à 6 jours avant le soin de l’aide médicale à mourir. 

Par ailleurs, si le patient souhaite faire un don d’organe, l’aide médicale à mourir devra obligatoirement se faire à l’hôpital et le donneur peut être reçu le jour même de l’aide médicale à mourir s’il le désire, en fonction de l’organisation de chaque centre hospitalier. 

Dans le cas d’un don d’organes, il y a d’autres intervenants qui sont impliqués et Transplant-Québec joue un rôle primordial d’information et d’évaluation. 

Avant tout, le médecin et le patient ayant reçu son admissibilité à l’aide médicale à mourir se mettent d’accord sur certaines modalités : la date et l’heure à laquelle le soin se déroulera et le lieu de l’administration de celui-ci, ainsi que les personnes présentes lors du soin. 

Dans certains cas d’aide médicale à mourir à domicile, l’accès aux médicaments peut faire l’objet d’une procédure un peu plus longue. 

Dès que la décision du lieu d’administration est prise, les services de soins du CLSC pourront être impliqués rapidement dans le processus. En effet, ils peuvent  organiser la prise en charge du patient jusqu’au moment de l’administration de l’aide médicale à mourir. Le médecin, de son côté, procède à la rédaction de la prescription et est chargé de récupérer le médicament au moment opportun. 

Le jour du soin, le médecin pourra être accompagné d’un.e infirmier.e en soins à domicile et procédera à l’administration de l’aide médicale à mourir au domicile. Parfois, un travailleur social ou même un intervenant spirituel pourra être présent, toujours selon les volontés de la personne.

Formalités et prise en charge de l’après aide médicale à mourir

Suite à l’administration de l’aide médicale à mourir au domicile du patient, le médecin est chargé de remplir un constat de décès avant l’arrivée des services de maison funéraire.

Plusieurs intervenants étant impliqués à différents niveaux pendant le processus à domicile, cela nécessite un suivi et une implication plus accrue de la part de l’entourage du patient. 

Tout comme la réalisation de l’aide médicale à mourir en milieu hospitalier, le demandeur ou l’entourage est responsable de prendre auparavant contact avec une maison funéraire pour organiser la prise en charge du corps suite à l’application du soin.

Si vous avez d’autres questions concernant l’aide médicale à mourir à domicile, n’hésitez pas à en faire part à l’équipe de l’AQDMD qui pourra vous éclairer sur le sujet.

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