En effet, le 17 juin 2016, le projet de loi canadien C-14 sur l’aide médicale à mourir recevait la sanction royale, permettant ainsi à un médecin d’administrer l’aide médicale à mourir à un adulte affecté de problèmes de santé graves et irrémédiables (y compris une affection, une maladie ou un handicap) lui causant des souffrances persistantes intolérables au regard de sa condition, sous condition que cette personne soit apte à donner clairement son contentement.

Jugement historique

Au Québec, grâce à une bataille menée par Nicole Gladu et Jean Truchon, le 11 septembre 2019 la Juge Beaudoin va plus loin. Elle rend un jugement historique de 200 pages afin de se conformer au jugement de la Cour suprême du Canada promulgué lors de l’arrêt Carter en 2015. Les choses sont claires : ce jugement de la Cour suprême permet d’éliminer le critère de fin de vie pour les demandes d’aide médicale à mourir et, qui plus est, élimine les distinctions entre les origines de la souffrance, qu’elles soient physiologiques, existentielles, traumatiques, accidentelles ou congénitales.

Ce jugement de la Juge Beaudoin demeurera sans appel et le Parlement fédéral se conformera ainsi au jugement de la Cour suprême du Canada promulgué lors de l’arrêt Carter.

Le débat a donc déjà eu lieu et les partis d’oppositions de l’Assemblée nationale du Québec et plusieurs commentateurs le savent très bien. Pourtant, le 26 mai 2022, le ministre de la Santé Christian Dubé retirait de son projet de loi l’article rendant accessible l’aide médicale à mourir pour les citoyens atteints d’un handicap neuromoteur grave et incurable. Cet article avait soulevé le mécontentement des partis d’opposition qui menaçaient de ne pas appuyer le projet de loi.

Les éternelles guerres de pouvoir et d’ego priment une fois de plus alors que la compassion et l’humanisme devraient au contraire nous rapprocher au moins pour une fois.

Ce n’est ni le temps ni le moment pour le Québec de refaire une bataille constitutionnelle. Dans quelques années la loi canadienne s’appliquera ici comme ailleurs et nous serons probablement dix ans en retard sur nos voisins canadiens. Quel temps perdu dans des comités et commissions! Un temps précieux pour les parlementaires qui pourrait être consacré à une multitude de problèmes de société!

Inaction du gouvernement

Si je choisis de m’exprimer pour la première fois depuis la fin de mon mandat comme présidente fondatrice de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité, c’est pour dénoncer l’inaction du gouvernement de la CAQ qui a tardé à modifier la loi québécoise pour la rendre conforme à celle du fédéral et récemment le coup de grâce des oppositions de l’Assemblée nationale du Québec qui veulent faire croire au bon peuple docile qu’ici on fait les choses mieux que partout ailleurs au pays.

Pourquoi rechercher un consensus sur un sujet qui fait déjà l’unanimité depuis longtemps au Québec! Faut-il ajouter que malgré les frustrations et les regrets de la nation québécoise, ses citoyens restent canadiens et devraient bénéficier des mêmes droits que leurs voisins lorsqu’il s’agit de soulager des souffrances intolérables.

Pour moi, c’est une fois de trop, car les nombreux retards pour harmoniser nos lois sont cruels et mesquins et les personnes les plus souffrantes en paieront le prix.

Quelle tristesse!

 

Pour consulter la lettre d’opinion sur le site du journal de Montréal