Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, a déclaré jeudi en conférence de presse à Ottawa que le gouvernement avait entendu les experts qui s’inquiètent du fait que le système de santé pourrait ne pas être prêt à gérer ces cas complexes.

« Certaines provinces, certains territoires et ceux qui travaillent dans le système de santé [nous] disent qu’il faudrait plus de temps », a expliqué le ministre Lametti.

« Ça comprend le temps de mettre en oeuvre ces normes de pratique et de compléter et de diffuser les ressources clés qui sont en cours d’élaboration pour les professionnels de la santé et les autres partenaires du système de santé afin de répondre à ces demandes plus complexes », a-t-il détaillé.

Une mise à jour de la loi canadienne sur l’aide médicale à mourir adoptée au printemps 2021 comprenait une disposition visant à exclure temporairement les personnes « dont le seul problème médical est une maladie mentale », même si elles remplissent tous les autres critères d’admissibilité. Cette exclusion devait expirer deux ans plus tard — en mars prochain.

Un groupe d’experts qui étudie la question a entendu les préoccupations de professionnels de la santé, de chercheurs et d’universitaires qui se sont demandé si les garanties appropriées étaient en place actuellement pour élargir les critères d’admissibilité sans mettre en danger les personnes atteintes de troubles mentaux ou qui vivent dans la pauvreté.

La ministre Bennett optimiste

Participant elle aussi jeudi à la conférence de presse, la ministre de la Santé mentale, Carolyn Bennett, a déclaré que le groupe d’experts avait déterminé que les garanties en place dans le cadre du régime actuel étaient « excellentes ».

« Je pense qu’il y a un consensus très clair sur le fait que ce serait très rare, et que l’évaluation [des candidats] se ferait sur une longue période, avec un certain nombre d’évaluations différentes », a-t-elle déclaré.

Le ministre Lametti a déclaré que tout cas d’aide médicale à mourir à la suite d’une maladie mentale suivrait une longue période de traitement. Il a insisté sur le fait que le gouvernement fédéral avait dépensé des millions de dollars pour améliorer les soins de santé mentale.

« Je veux assurer les Canadiens qu’on ne pourra pas […] demander l’aide médicale à mourir un bon matin si on se sent déprimé », a-t-il déclaré.

Le ministre de la Justice a ajouté que la présidente du groupe d’experts, la docteure Mona Gupta, faisait partie de ceux qui estiment que les professionnels de la santé au Canada sont prêts à gérer cet élargissement de l’aide médicale à mourir. Il a toutefois reconnu que tout le monde n’était pas prêt et il a entendu ceux qui « aimeraient un petit délai ».

Pour reporter la fin de l’exclusion au-delà de mars 2023, le gouvernement libéral minoritaire devra modifier la loi actuelle. M. Lametti a indiqué jeudi qu’il s’attendait à ce que cette mesure bénéficie d’un large soutien de la part d’autres partis à la Chambre des communes et parmi les sénateurs.

Le gouvernement n’a pas précisé la durée de la prolongation souhaitée. La Chambre des communes et le Sénat ont ajourné leurs travaux pour les vacances des Fêtes jusqu’au 30 janvier.

 

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